La tradition grammaticale française désigne cette conjugaison par le nom passé composé, mais cette appellation est incorrecte car il s'agit en réalité d'un temps du présent et donc d'un présent composé. Il se trouve que le français a largement perdu la valeur initiale de ce temps et qu'il y fait appel également pour le passé. Mais en langue occitane, le présent composé est resté le mode de l'action réalisée (a fait, « il a fait ») distincte de l'action passée (faguèt, « il fît ») ; le patois de Sainte-Sigolène est respectueux de cette règle. Par ailleurs, l'occitan a un vrai passé composé (passé antérieur) (fuguèt estat / seguèt estat «il fût été », aguèt fait « il eût fait »), même si celui-ci tend à être remplacé par le plus-que-parfait.
Le tableau ci-dessous nous aidera à comprendre la valeur exacte des différentes conjugaisons occitanes pour le mode de l'indicatif. Si on veut bien accepter l’appellation de présent composé au lieu de passé composé et de passé composé au lieu de passé antérieur, le rôle de chacune des conjugaisons devient alors limpide: les conjugaisons simples sont utilisées pour évoquer un événement ou une action sous l'aspect de sa réalisation, de son déroulement, tandis que les temps composés en assument le résultat.
On remarquera qu'en français le présent composé a colonisé le passé simple qui n'est plus utilisé que dans la langue littéraire, et le passé composé (passé antérieur) n'est plus utilisé dans la langue parlée. Dans notre patois, tous ces temps sont vivants, à l'exception du passé composé (passé antérieur).
Valeur des temps en occitan moderne |
|||||
|
|
|
passé |
présent |
futur |
|
réalisation |
considérée dans la durée |
imparfait simple |
présent simple |
futur simple |
considérée à un instant |
passé simple |
||||
résultat |
considérée dans la durée |
imparfait composé |
présent composé |
futur composé |
|
considérée à un instant |
passé composé |
L'imparfait composé est aussi appelé plus-que-parfait.
Remarquons aussi que èsser « être » est lui-même son propre auxiliaire comme il est de règle en langue d'oc, alors que le français utilise « avoir » comme auxiliaire de « être ». Bien entendu, le plus-que-parfait suit ce modèle : sig. èro esta(t) « j'avais été », mot à mot « j'étais été ».
Ex. : Li deupuguèt/deguèt faire paora « il dût lui faire peur »
Auteur: Didier Grange - 2014- modifié- 2021 / [ Télécharger l'ouvrage ]
Quelques notions de phonétique articulatoire
Le système vocalique du roman occidental
Palatalisation de C et de G devant E et I (première palatalisation)
Sonorisation des consonnes intervocaliques sourdes
Palatalisation de C et de G devant A (segonde palatalisation)
Effacement des voyelles finales E et O
Effacement des voyelles posstoniques
Affaiblissement de B intervocalique
Affaiblissement de D intervocalique
Affaiblissement de DH intervocalique
Affaiblissement de G intervocalique
Effacement de N instable en fin de mot
La diphtongaison de È et de Ò en roman I
La diphtongaison de E et de O en roman II
La diphtongaison de È et de Ò en roman III
Formation de U antérieur, fermeture de O ( Ụ )
Le système vocalique sigolénois
Séparation de A antérieur et de A postérieur
Simplification des triphtongues
Effacement des consonnes finales
Consonantification des voyelles
Les articles et pronoms démonstratifs