Conjugaison de l'imparfait (parler sigolénois) |
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AR |
IR |
IR inchoatif |
RE |
ER |
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parlar |
venir |
legir |
prendre |
conéisser |
1 |
parlave |
venió |
legissió |
prenió |
coneissió |
2 |
parlaves |
veniás |
legissiás |
preniás |
coneissiás |
3 |
parlava |
veniá |
legíssiá |
preniá |
coneissiá |
4 |
parlàvam |
veniam |
legissiam |
preniam |
coneissiam |
5 |
parlàvatz |
veniatz |
legissiatz |
preniatz |
coneissiatz |
6 |
parlavan |
venián |
legissián |
prenián |
coneissián |
legir se conjugue aussi sur le mode legiáo, legiás, legiá , …
Ici, il n’y a que très peu de remarques à faire, c’est le modèle de conjugaison de la langue d’oc moderne
- Pour (1) des verbes en ar, la désinence O du vivaro-alpin a été remplacé par E.
- Pour (1) et verbes en IR, RE, ER, la désinence vivaro-alpine reste soit sous la forme IÓ . , soit sous la forme IÁO. Les autres parlers occitans ont soit IÁ (Auvergne, Velay ouest), soit IÁI (sud Languedoc), soit IÁO ( Provence, vivaro-alpin)
- Pour (4) et (5), l’accentuation a été remontée sur l’avant-dernière syllabe, ce qui est une tendance assez générale des parlers d’oc. On a donc une série atone en [ ø ], [ i ], [ ɔ ], [ ], [ a ], [ ]
Pour comprendre la déclinaison (1), il faut indiquer que jusqu’au 13° siècle, il n’y avait pas de désinence pour cette première personne : parlau, venia, prenia, coneissia.... C’est ensuite que s’est ajouté une désinence : E pour l’Auvergne, I pour le sud du Languedoc et la Gascogne, O pour l’est (Provence, Alpes, Drôme, Est-Velay et Vivarais), probablement sous l’influence de l’arpitan qui avait gardé O dans certains cas. Notre domaine a alors eu parlavo, veniáo, preniáo, coneissiáo (A final était devenu antérieur à l’époque où la désinence a été ajouté, d’où Á).
L’évolution régulière de ÁO a donné ÒU, donc veniáo est devenu veniòu. IÒU se simplifiant en IU avec dépalatalisation de la consonne, on a donc veniáo prononcé [ vø’niu ], cresiáo [ kʀø’ziu ], coneissiáo [ kuni’siu ] . Cependant, on doit constater que ces prononciations sont concurrencées par des variantes où les consonnes sont palatalisées veniáo [ vø’ɲiu ], cresiáo [ kʀø’ȝiu ], coneissiáo [ kuni’∫iu ]. Je pense que la palatalisation réapparait en réalité sous l’analogie des autres personnes de la même conjugaison où cette palatalisation est régulière. Cette modification analogique de formes conjuguées est un processus courant, que l’on a eu par exemple en ancien français quand les formes commes amons, amez ont été refaites en aimons, aimez sur le modèle aim, aimes, aime, aiment. Dans notre cas, le radical non palatalisée, minoritaire dans le système, est fragilisé. Il nous suffit d’utiliser IÓ pour représenter cette forme analogique, elle représente le processus qui s’est opéré, Ó étant la désinence régulière, et représente aussi une prononciation régulière.
Dans les conjugaisons, VI entre voyelles est prononcé [ j ], on a ainsi saviá se prononce [ sa’jɔ ].
Auteur: Didier Grange - 2014- modifié- 2021 / [ Télécharger l'ouvrage ]
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Affaiblissement de DH intervocalique
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