Chaque mot a une voyelle dite accentuée, dont la prononciation est réalisée en latin par une note plus élevée. En roman, l’accent est marqué par l’intensité du flux respiratoire. La voyelle accentuée est tonique, c’est à dire intense, les voyelles non accentuées sont atones. Le passage à un accent d’intensité a produit par la suite des évolutions en cascade qui se sont développés de façon différente suivant les régions.
La voyelle qui est placée après la tonique est dite post-tonique, celles qui sont avant sont dites protoniques ou pré-toniques. La position post-tonique est la plus faible car après l’intensité accordée à la tonique, il y a un relâchement de l’effort.
Sauf exception, les voyelles accentuées en latin resteront toniques en roman. Elles deviendront une sorte de pivot stable, tandis que les voyelles atones pourront disparaître.
Stabilité de la tonique en roman (parler sigolénois) |
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R I |
R II |
R III |
R IV |
forme écrite |
nĭve « neige » |
nebze |
neu |
neu |
neu |
neu |
lŭpa « louve » |
loba |
loba |
lbạ |
lbạ |
loba |
mŏrdere « mordre » |
mòrdre |
mòrdre |
mòrdre |
mòrdre |
mòrdre |
sŏror « soeur » |
sòror |
sòr |
sòr |
sòr |
sòr |
cōsĕre « coudre » |
cózere |
cózer |
czer |
cze |
cóser |
lĕpore « lièvre » |
lèpre > lèbre |
lèbre |
lèbre |
lèbre |
lèbre |
ĕrat « il était » |
èratz |
èratz |
èra |
èrạ |
èra |
Nous verrons qu'il peut y avoir des cas de déplacements d'accents, dans des conditions que nous essaierons d'éclaircir.
Cas de déplacements de la tonique (parler sigolénois) |
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R I |
R II |
R III |
R IV |
forme écrite |
vendebat « il vendait » |
vendeat > vendeatz |
vendiatz |
vendia |
vendyạ |
vendiá |
spica « épi » |
espidzha |
espidzha |
espiạ |
éspyạ > èipyạ |
éspia |
pĭcŭla « petite quantité de résine» |
pégola |
pegòla |
pegòlạ |
pegòlạ |
pegòla « petite boule de résine» |
La tradition écrite romane développera l’usage de marquer l’accent par un signe au dessus de la voyelle, comme Í, É, Ò, ...L’écriture occitane dite classique prolonge cet usage, et c’est ce système de notation que j’emploie ici pour représenter la voyelle accentuée dans tous les mots romans.
v Le premier rôle du signe
d’accentuation est de marquer la voyelle tonique lorsqu’elle
n’est pas régulière (avant dernière
syllabe pour un mot terminé par une voyelle, dernière
syllabe si terminé par une consonne)
v
Le second rôle est d’indiquer si la voyelle
tonique a un timbre fermé (É, Ó) ou ouvert
( È, Ò)
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Position régulière |
Position irrégulière |
Timbre régulier |
loba |
cóser, aviá ,aquí |
irrégulier |
òme, pè |
parlèssan |
En roman, toutes les voyelles atones prennent un timbre fermé. Donc, seules les voyelles toniques connaissent une variante ouverte. Cela permet de donner un double rôle au signe d’accentuation. C’est ce système qui est employé dans l’écriture occitane dite classique. Ce même système est utilisé pour l’espagnol mais limité à représenter la position tonique car il n’y a pas de variantes ouvertes. Le rôle de l’accent dans la tradition écrite française est de marquer les variantes de timbres.
Auteur: Didier Grange - 2014- modifié- 2021 / [ Télécharger l'ouvrage ]
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