Sainte-Sigolène, commune du département de la Haute-Loire, est ici l’objet d’une série d’articles traitant de la toponymie de différents lieux situés dans cette localité, ou à proximité. Le premier de ces articles concerne ici son chef-lieu, à partir duquel a été nommé la paroisse tout entière, devenue commune.
Dans les usages écrits, la forme « Sainte Sigolène » s’est généralisée au milieu du 19 siècle, tandis que « Sainte Segolene » était majoritaire dans les actes d’état-civil jusqu’au milieu du 18° siècle (1). La plus ancienne attestation connue est d’ailleurs eccl. S. Segolenae, en 1164. En parler occitan local, la commune est appelée Santa Segolena [ sãta søgu’lønɔ ], plus souvent Golena [ gu’lønɔ ]/[ gu’lønɔ], ou Santa Sigolèna [ sãta ʃigu’lenɔ ], on peut cependant supposer que c’est Segolena qui représente la continuité locale.
Sigolène, née à Albi, a vécu au 7° siècle. Elle en particulier connue comme fondatrice du monastère du Troclar. On lui attribua une source dont l’eau, devenue miraculeuse, guérissait de la lèpre et d’autres maladies. Pour notre localité, le culte de Sainte Sigolène a été institué autour d’une source qu’on appelait fontaine ou source de Sainte Sigolène, entre l’hôpital et Cornassac, où une petite chapelle fut créée vers 1760 avant de laisser la place à un oratoire dit « de Sainte Sigolène ». On sait que cet espace était l’objet d’un pèlerinage ancien, où des malades venaient chercher du soulagement. L’origine de ce romérage (2) était manifestement pré-chrétienne : au 19° siècle se maintenait la pratique cultuelle de tourner autour de l’oratoire en récitant des prières (3), les mamans y amenaient leurs nouveaux-nés pour qu’ils y puisent la force qui leur permettrait plus tard de marcher d’aplomb.(4)
La vocation religieuse de cet quartier a perduré, on a élevé la « croix des rameaux » sur le rocher qui surplombe le site, le cimetière paroissial du 19° siècle était situé à côté, puis l’hospice (maison de retraite) y a été construit. Indiquons que l’église paroissiale actuelle est dédiée à la fois à Saint Barthelemy et à Sainte Sigolène, mais Sigolène ne serait que la patrone secondaire de la paroisse.
(1) Si on considère les registres de Sainte-Sigolène ou de Monistrol, depuis 1600, on constate une diversité des formes selon le rédacteur de l’acte, on a ainsi segolene, segolesne, segoleine, sigolene, sigoleine, sigolaine, sigolène, etc ….
(2) pèlerinage
(3) ou peut-être tournait-on autour de la source.
(4) Les témoignages sur ce pèlerinage sont repris du mémoire de maîtrise d’Emmanuel Grange, « La paroisse de Sainte Sigolène face à la marche du siècle : 1801 - 1906 », 2002.
Oratoire de Sainte Sigolène |
Auteur: Didier Grange - 2020,2021,2022,2023
* Santa-Segolena: 'Sainte-Sigolène '
La meira : ‘La grand mere’, ‘le meyrat’
La malautèira : ‘La malouteyre’
Pra(t) de l’òia : ‘Pré de Loye’
Pueibrau : ‘Pébrau’, ‘Peybraud’
Pont soteira(n) : ‘Pont souteyrat’
Lo vial, la viala : ‘la vialle’
Las sèrvias : ‘Les servies’, ‘la servia’
Licha-Mealha: ‘Lichemiaille’, 'Lichemaille'
Peirelaa, Peiralaa : ‘Peyrelas’