Indiquons d’abord qu’on peut hésiter entre « Veyrines » et « Veyrine ». Le cadastre napoléonien de Sainte-Sigolène note « Veyrinne », mais aussi ‘la Verine’, ‘la Veyrine’, l’article apparaissant irrégulièrement quand il s’agit de désigner le propriétaire d’une parcelle (1). En langue locale, il semble qu’on dise aussi bien Veirina [ vei’rinɔ ] que Veirinas [ vei’rina ] ou [vi’rina ].
Il semble bien qu’on puisse rapprocher veirinas de vedrinas qui est lui-même un nom de lieu fréquent en Lozère, Cantal, Puy-de-Dôme, ouest de la Haute-Loire. Pour rester sur le département de la Haute-Loire, on voit une certaine répartition géographique entre vedrinas sur un tiers ouest et veirinas ailleurs. Au regard de l’histoire linguistique de notre département, cela est tout à fait conforme à l’hypothèse faisant remonter les deux formes à une même origine veterinas, qui serait devenue rapidement vedrinas puis veirinas, ou qui serait resté un temps vederinas devenu vedrinas.
Pour ce qui est d’identifier le sens premier, il s’avère que le mot latin veterina pouvait avoir plusieurs sens distincts. D’une part, il signifiait « bête de somme », d’où une hypothèse parfois émise d’un relai de chemin, mais rien ne nous indique que notre lieu-dit ‘Veyrines’ était situé sur une route.
Nous sommes également invités à considérer qu’une possible forme veterina terras aurait été l’équivalent exact de veteretu, c’est-à-dire « terres abandonnées, laissées en friche » (2). L’occitan a d’ailleurs un mot vèire masculin et vèira féminin qui signifie « terre inculte, qu’on a laissé en friche » (3). Veirina ferait alors référence à un terrain qui n’était plus exploité au moment où on lui a donné ce nom.
(1)
Exemples : ‘Barlet Jean, dit Le Vieux a la Verine’,
cadastre napoléonien de Sainte-Sigolène, section F,
parcelle 195 ; ‘Barlet Jean, dit Le Jeune de la Veyrine’,
parcelle 197.
(2) C’est le scénario de Michel
Probel : « Terres improductives, stériles,
friches, landes dans la toponymie de la Corrèze » ;
« Contribution à la toponymie de la Corrèze »,
Michel Probel, 2020
(3) Lou Tresor dóu
Felibrige, F. Mistral. C’est viero en
franco-provençal, viedro en castillan, vedro en
portugais.
Auteur: Didier Grange - 2020,2021,2022,2023
Santa-Segolena: 'Sainte-Sigolène '
La meira : ‘La grand mere’, ‘le meyrat’
La malautèira : ‘La malouteyre’
Pra(t) de l’òia : ‘Pré de Loye’
Pueibrau : ‘Pébrau’, ‘Peybraud’
Pont soteira(n) : ‘Pont souteyrat’
Lo vial, la viala : ‘la vialle’
Las sèrvias : ‘Les servies’, ‘la servia’
Licha-Mealha: ‘Lichemiaille’, 'Lichemaille'
Peirelaa, Peiralaa : ‘Peyrelas’