Le cadastre napoléonien nous indique un lieu-dit ‘La malouteyre’ (1), ce qui peut représenter une adaptation de l’occitan malautèira. Ce lieu se situe au village des Taillas.
Malaute, en occitan, est un adjectif et un substantif qui signifie « malade » (masculin). La prononciation est restée [ ma'laut(ø) ] à Sainte-Sigolène. Il s’ensuit qu’une malautèira désigne un lieu où on accueille les malades. Pour les historiens, una malautèira (fr. « maladrerie, léproserie ») était un établissement qui accueillait des lépreux. Le mot équivalent dans le Forez était maladeiri (2).
Après plusieurs siècles d’absence, la lèpre réapparaît en occident au XI° siècle, et probablement dans notre région au XII° siècle. Les premiers établissements sont fondés à cette époque, pour isoler et soigner les malades, ils sont alors très nombreux, mais leur existence pouvait ne pas être longue dans la mesure où la maladie régresse après le XIII° siècle. Cependant, des malautèiras ont fonctionné au-delà du 17° siècle. Dans la plupart des cas, il ne reste pas de documents directs de l’existence d’un établissement, c’est souvent grâce à des actes de donations et à la toponymie qu’on retrouve des témoignages.
Les malautèiras étaient établies hors des villes, mais sans en être très éloignées. A ma connaissance, il n’y a pas de document attestant un tel établissement à Sainte-Sigolène, il n’est pas recensé par Pierre Cubizolles (3). Sur la base de la seule attestation ‘la malouteyre’, on doit alors rester prudent, ce pourrait être une déformation de motèira, également indiquée par le cadastre (4). Cependant, à Monistrol-sur-Loire, le lieu-dit « La malauteyre » (5) , au Monteil, répond à une léproserie attestée (6).
(1) ‘la malouteyre’, cadastre napoléonien, section B, parcelles 427, 428, 429.
(2) Par exemple, La Maladeyri,
Terrier de la commanderie de Chazelles en 1290
(3) « Le
diocèse du Puy-en-Velay des origines à nos jours »,
Pierre Cubizolles
(4) ‘la mouteyre’, cadastre
napoléonien de Sainte-Sigolène, section B, parcelle
452. ‘Lort de la mouteyre’, parcelle 425.
(5) ‘la malouteyre’, cadastre napoléonien de Monistrol-sur-Loire, section M, parcelles 1013 et 1014.
(6) Construite par Guillaume de la Roue, évêque du Puy de 1270 à 1282, propriétaire du château de Monistrol.
Identification du lieu-dit la malautèira |
Auteur: Didier Grange - 2020,2021,2022,2023
Santa-Segolena: 'Sainte-Sigolène '
La meira : ‘La grand mere’, ‘le meyrat’
* La malautèira : ‘La malouteyre’
Pra(t) de l’òia : ‘Pré de Loye’
Pueibrau : ‘Pébrau’, ‘Peybraud’
Pont soteira(n) : ‘Pont souteyrat’
Lo vial, la viala : ‘la vialle’
Las sèrvias : ‘Les servies’, ‘la servia’
Licha-Mealha: ‘Lichemiaille’, 'Lichemaille'
Peirelaa, Peiralaa : ‘Peyrelas’