L’attestation la plus ancienne pour ce village est rovairòlas en 1384 (1), ce qui en terre de langue d’oc désigne un « petit bois de chênes rouvre, une petite chênaie, un lieu où abonde le chêne », tandis que la rovèira est de plus grande étendue. A Sainte-Sigolène, la toponymie nous offre les deux mots, rovairòlas pour le village dont il est question ici, et la rovèira sur les pentes de la vallée du Chansou (2). Dans le cas de Rovairòlas, l’absence d’article indique que ce toponyme a été fixé à une date ancienne, au plus tard en 700 (3).
Le passage de Rovairòlas à Revairòlas nous rappelle que le remplacement de O par E en première syllabe se produit occasionnellement dans les parlers de notre région. Par ailleurs, la prononciation de AI atone se confond généralement avec EI, ce qui explique qu’on assimile rovairòlas et roveiròlas. L’alternance primitive entre AI et EI pour rovairòla et rovèira est conforme à une évolution régulière : la base commune, rovària (4) était appelée à devenir rovaira, mais elle a été affectée par une substitution générale du suffixe AIRA par ÈIRA aux alentours du 8° siècle (5), et a donc abouti à rovèira ; tandis que rovairòla, construit sur le suffixe double ARIÒLA, n’a pas connu cette substitution. On trouve ce même suffixe pour le lieu-dit Boschairòlas, construit sur la base de bòsc « bois », francisé en « Boucherolles »
Pour la zone francoprovençale, l’équivalent de la rovèira est la rivoiri (ou revoiri, rovoiri), ce qui a donné la forme francisée « la rivoire ». On remarquera que cette forme francoprovençale est occasionnellement présente dans le localités voisines de Sainte-Sigolène : à Monistrol-sur-Loire , à Saint-Pal-de-Mons (6), à Raucoules ( « Les rivoires » sur la rive gauche de la Dunieres, près du château de Figon).
(1) Dictionnaire topographique de la Haute-Loire
(2) ‘La Rouveyre’, cadastre napoléonien de Sainte-Sigolène, section H, parcelles 242 à 244 (Proche du Crouzet, sur un terrain escarpé, sur la rive droite du Chansou; mais également pour une configuration semblable, en rive droite de la Dunières, ‘Rouveire’,’Rouvaire’, cadastre napoléonien de Saint-Pal-de-Mons, section D, parcelles 725 à 747)
(3) Jean-Pierre Chambon 2005.
(4) Une attestation connue de rovària est un document daté de l’an 626, en Limousin, indiquant la fondation d’un rovaria monasterio, c’est-à-dire un monastère de la chênaie, à Rouyere.
(5) Ainsi que de AIR par ÈIR, lequel est à l’origine des différentes variantes actuelles qu’on trouve en français, occitan, franco-provençal : IÈR, ÈIR, IÈIR, notre secteur ayant ÈIR (ÈIRA pour le féminin).
(6) Une attestation écrite de 1314 indique ‘Villa de Rovoyra’
Localisation du lieu-dit La rovèira |
Auteur: Didier Grange - 2020,2021,2022,2023
Santa-Segolena: 'Sainte-Sigolène '
La meira : ‘La grand mere’, ‘le meyrat’
La malautèira : ‘La malouteyre’
Pra(t) de l’òia : ‘Pré de Loye’
Pueibrau : ‘Pébrau’, ‘Peybraud’
Pont soteira(n) : ‘Pont souteyrat’
Lo vial, la viala : ‘la vialle’
Las sèrvias : ‘Les servies’, ‘la servia’
Licha-Mealha: ‘Lichemiaille’, 'Lichemaille'
Peirelaa, Peiralaa : ‘Peyrelas’