Un village de la commune de La Séauve-sur-Semène est appelé Leyrelet. Le cadastre napoléonien le désigne par Leyrelai et Leyrelay, ceci nous amène à supposer l'airelèir, c'est à dire le lieu "qui produit des airelles" (1), ou plus exactement des myrtilles. Nous prendrons cette hypothèse comme vraisemblable. Elle nous amène à nous intéresser à l'histoire du mot airelle. Son origine est connue, c’est le mot occitan airèla qui est passé dans la langue française. Le portugais et l'espagnol connaissent également airela, peut-être par l’intermédiaire du français.
Airèla est construit comme un diminutif de aire, qui a également le sens de myrtille et est issu du latin ater « noir ». C’est une formation spécifique à la langue occitane, laquelle connait cependant d'autres mots synonymes, comme abajon, airedís. Airèla semble être la forme autochtone dans le Velay et le Vivarais, cet espace est peut-être la source première de la diffusion du mot ; les enquêtes linguistiques du 20° siècle montrent que la forme airèla y est particulièrement connue (2). Le TLFi, Trésor de la langue Française informatisé, nous dit qu'airelle est un "emprunt à un mot dialectal du Massif Central ou des Alpes" (3).
En occitan, airèla désigne la baie noire connue en français sous
le nom de myrtille. En français, la définition du mot airelle ne semble
pas complètement fixée. Les dictionnaires sont d’accord pour dire que le
terme recouvre à la fois un arbrisseau et son fruit, mais ils ne sont pas
d’accord sur les variétés botaniques: L’Encyclopædia Universalis nous dit
que le fruit est rouge, l’Académie française, le Littré et le TLFi nous
disent qu’il est noir. Pour le Petit Robert et le Larousse, le mot airelle
s’applique à la fois aux myrtilles et à des baies rouges, par exemple la
canneberge. L’Académie française ajoute que myrtille est un nom ancien de
l’airelle, « ce nom lui est encore conservé dans plusieurs provinces ».
(1) AI atone a évolué en EI depuis longtemps : airelèir > eirelèir. Dans le cadastre napoléonien de Saint-Didier-en-Velay, ÈI tonique est parfois représenté par AI ou AY, par exemple "La peyraire" pour La peirèira.
(2) Selon les données du THESOC, airèla a été relevé à Saint-Didier-en-Velay (43), Brioude (43), Saint-Eble (43), Polignac (43), Bas-en-Basset (43), Grazac (43), Recharenge (43), Rochepaule (07), Saint-Romain-de-Lerps (07), Saint-Martin-de-Valamas (07), Craponne-sur-Arzon (43), Saint-Pardoux (63), Allos (04), Chorges (05).
(3) TLFi : Trésor de la langue Française informatisé,
http://www.atilf.fr/tlfi, ATILF - CNRS & Université de Lorraine.
Empr. à un mot dial. du Massif Central (Chamalières ,
Recharenge ds NAUTON, Atlas ling. du Massif Central, t. 1,
1957, carte 212, points 9 et 4) ou des Alpes (voir ROLLAND, Flore pop., t.
7, p. 235 et DAUZAT Ling. fr. 1946, pp. 243-244), dér. d'un simple attesté
par le prov. mod. aire, du lat. ater « noir ».
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Auteur: Didier Grange - 2020,2021,2022,2023
Santa-Segolena: 'Sainte-Sigolène '
La meira : ‘La grand mere’, ‘le meyrat’
La malautèira : ‘La malouteyre’
Pra(t) de l’òia : ‘Pré de Loye’
Pueibrau : ‘Pébrau’, ‘Peybraud’
Pont soteira(n) : ‘Pont souteyrat’
Lo vial, la viala : ‘la vialle’
Las sèrvias : ‘Les servies’, ‘la servia’
Licha-Mealha: ‘Lichemiaille’, 'Lichemaille'
Peirelaa, Peiralaa : ‘Peyrelas’