On rappelle ici les caractéristiques des parlers que nous classons de type auvergnat, au sein du grand ensemble roman.
. Conservation de la voyelle A dans tous les cas: caballu > chavalh « cheval »
. Palatalisation de K et G devant A, E et I vers le 6° siècle : capra > cabra > chabra ; máquina > machina ; (CH est prononcé majoritairement TS, ou TJ)
. Conservation de D secondaire intervocalique : fata > fada « fée », tirador « tiroir »
. Mais passage de DR primaire ou secondaire à IR : patre > padre > paire « père », quadre > caire
. Passage de D primaire intervocalique à Z, ou effacement au nord et à l'est d'une ligne Ceyssat-Olloix-Les Martres de Veyre-Arlanc : sudare > susar/suar
. Passage corollaire de DI primaire intervocalique à DJ (aujourd'hui souvent prononcé DZ), ou effacement suivant la même délimitation que ci-dessus : media > mèja/mèa « mi » (pour cet exemple, la forme actuelle mèia est évolution postérieure de mèa)
. Conservation de B intervocalique secondaire : sapa > saba « sève »
. Idem pour BR et BL secondaires : capra > chabra
. Passage de BR et BL primaires à UR : labra > laura « lèvre »,
. Vocalisation de V en U en fin de mot et devant consonne : clave > clau « clé », bibere > bévere > beure
. Passage du groupe CT à IT : nocte > nuèit (et pas à CH comme en Gévaudan, en Limousin, ...)
Si nous adoptions une définition plus étroite, nous pourrions ajouter d'autres caractères mais qui réduiraient alors le domaine :
. Diphtongaison de Ò devant un élément
palatal : folia > fuèlha « feuille » ;
mais pas devant NH : lònh, luènh
« loin », sònha, suènha« il
regarde » « il soigne ».
. Diphtongaison non accomplie de È devant un élément
palatal : vèlh « vieux »,
lèit « lit », mèi
« milieu » (le Vivarais échappe à
cette règle : vièlh,
lièit. mièi)
Voyons aussi quelques caractères particuliers à l'occitan d'Auvergne contemporain
. Maintien d'une distinction entre LL et L latins quand ils sont
passés en fin de mot : caballu > chavalh
« cheval » ; aucellu > aucèlh
« oiseau » ; follu
> fòlh « fou » ; canale
> chanal « gouttière » ;
dolu > dòl « deuil »
Cette distinction peut s'exprimer également sous la
forme d'une opposition L/U, notamment en Vivarais : chaval,
aucèl, chanau, dòu; ou par une
opposition LH/U notamment en Velay : chavalh,
aucèlh, chanau, dòu.
. La voyelle A en fin de mot s'est rapproché de O, comme généralement en langue d'oc, mais s'est maintenu A dans une partie du domaine : pala « pelle »
. Affaiblissement de S en fin de mot ou devant toute consonne au nord du domaine : ES est passé à EI, ÒS est passé à ÒU ou à Ò allongé, AS est passé à A allongé ; esclòp « sabot », cròs « creux », bastir « bâtir », òs « os », còsta « côte »
. Pour le sud du domaine, l'affaiblissement de S est uniquement devant une consonne sonore : ES est passé à EI : esmenda « amende ».
. Au sud du Velay, comme en Vivarais, une autre évolution vient interférer avec cet affaiblissement, S devant une consonne sonore est passé à I quelque soit la voyelle qui précède : las doas femnas [ lɔj dwɔs ’fenɔs ] « les deux femmes », las doas mans [ lɔj dwɔj 'mɔs ] « les deux mains ».
. L entre voyelles a souvent une prononciation altérée, soit G (Cantal), soit V (autour du Puy-en-Velay) : pala « pelle »